Ce week-end se déroulent les journées européennes du patrimoine. Je me suis inscrit pour visiter samedi le centre multifilière Isséane d’Issy-les-Moulineaux. Ma commune, Châtillon, y est rattachée, mes déchets et poubelles y terminent. C’était donc une super opportunité pour découvrir ce qu’il en advient !
Vu de l’extérieur, le centre est un immense bâtiment recouvert de bois et de verdure sur les bords de Seine. Sous cette carapace se cache une immense usine enterrée à 31m sous terre, chargée de trier et de traiter nos déchets.
Le Syctom, propriétaire des lieux, est l’agence métropolitaine des déchets ménagers, établissement public. Il traite les déchets ménagers de la moitié de la population francilienne.
Le bâtiment d’Issy-les-Moulineaux abrite un centre de tri ET un centre d’incinération. Pour se faire une idée, voici deux cartes qui nous indiquent où atterrissent nos déchets suivant notre commune d’Ile-de-France
Dans mon cas, touts mes déchets finissent au centre d’Isséane.
La visite s’est passée en deux temps : le centre d’incinération puis le centre de tri, gérés par deux opérateurs privés respectivement Tiru (EDF) et Sita (SUEZ).
Centre d’incinération
Le schéma suivant explique tout le circuit de fonctionnement du centre d’incinération.
Les camions déversent leur chargement dans la fosse à ordures ménagères qui est une immense salle de transit avant envoi dans le four.
C’est assez impressionnant ! L’opérateur est chargé de mélanger les ordures avec un immense grappin hydraulique. Le but étant de ne pas brûler à la suite un camion de cagettes de Rungis puis un camion de poireaux et voir le rendement du four s’écrouler.
Nous étions super mignons avec nos gilets oranges seyants et nos casques blancs 🙂
Je ne vais pas rentrer dans tous les détails de l’incinération. Tout est très bien expliqué sur le site du Syctom. Mais voici l’idée. On brûle les déchets, et on récupère le maximum de cendres et résidus que l’on peut. Environ 20% des déchets ne brûlent pas. Les cendres sont envoyées à l’extérieur pour être neutralisées et enfouies. D’autres résidus sont quant à eux réutilisés pour construire des routes par exemple. Le processus permet de générer d’énergie sous forme de vapeur et électricité. La vapeur est envoyée sur le réseau extérieur et sert à chauffer, entre autres, l’hôpital Georges Pompidou à côté. Suivant le moment de la journée, l’électricité peut être réutilisée en interne ou revendue à EDF.
Centre de tri
Les camions déversent leur chargement à l’entrée et les déchets partent dans l’usine.
Il y a des tapis roulants partout !
et des opérateurs qui trient manuellement les déchets
Tout ce qui est sous la taille de 65mm est filtré et part à l’incinération avec les déchets qui n’étaient finalement pas recyclables.
Donc ne pas s’embêter à mettre dans le bac jaune des bouts de papier ou de carton trop petits. Bon à savoir.
Les déchets une fois triés sont comprimés et sont agrégés en blocs pour être envoyés vers des centres de traitement spécialisés.
Les bouteilles en plastique sont triées selon leur couleur, leur forme et leur opacité. Il en résulte trois types de matériaux finaux : les bouteilles transparentes, les bouteilles type Perrier et les bouteilles blanches de lait et de lessive.
Le centre de tri porte donc bien son nom. Il se contente de trier les déchets et de les envoyer sur d’autres sites. Le papier et le carton partent à Rouen par péniche. Le reste des déchets utilise la route et quitte les lieux en camions.
J’ai appris beaucoup de choses intéressantes au cours de cette visite
- A l’entrée il y a un détecteur pour vérifier que les camions ne sont pas radioactifs ! En effet il peut y avoir des déchets contaminés, essentiellement des déchets médicaux qui ne devraient pas arriver ici.
- En arrivant, le camion (~20t) est pesé puis déverse son chargement. Il est pesé à nouveau à la sortie, on en déduit alors la taxe que la ville doit au centre.
- L’essentiel des déchets verts d’Ile-de-France sont brûlés ! En effet, les centres de compostages sont à ciel ouvert et sentent très mauvais. Par conséquent ils sont moyennement les bienvenus dans les villes. Raison de plus pour composter localement un maximum de ses déchets verts.
- Les bio déchets représentent 40% de nos ordures. J’avais retenu le chiffre de 30%, j’imagine que la valeur doit fluctuer entre ces valeurs.
- Le verre n’est pas traité dans la région mais à Saint-Gobain dans les Ardennes. Tout transite en camion.
- Les déchets sont mélangés directement dans le camion car les municipalités ne peuvent pas se permettre de fournir 8 poubelles à leurs habitants. De plus, avoir 8 poubelles impliquerait 8 camions, ce qui n’est pas la meilleure solution. Ainsi, les déchets à recycler sont mélangés dans le camion puis triés dans le centre en mesure de séparer les différents types de déchets.
- Certains déchets ne sont pas les bienvenus dans le centre d’incinération, comme les pneus ou les gravas qui contiennent du souffre. Le centre n’est pas idéalement équipé pour éliminer le souffre. Il faut donc veiller à ne pas balancer n’importe quoi dans nos ordures et bien suivre les consignes.
- Le Syctom est un organisme public. Les sociétés exploitantes sont payées à la tonne et non au prix des déchets revalorisés. Ils évacuent en permanence les déchets alors que des centres privés peuvent, quant à eux, attendre que les prix des matières premières fluctuent pour faire plus de bénéfices et sortir les déchets triés.
- Les boîtes à pizza légèrement souillées peuvent quand même être déposées au tri. Du moment que le carton n’est pas trop souillé et qu’il ne reste pas de pizza.
Bref, c’était vraiment passionnant et très bien organisé. Nos guides expliquaient vraiment très bien et étaient calés. J’ai appris pas mal de choses, je suis ravi de ma visite 🙂
Merci Yoann pour toutes ces explications.
Avoir un condensé des explications et quelques informations pratique est beaucoup plus agréable que lire l’intégralité du Sytcom !
J’aime beaucoup ta démarche de graviter autour du sujet personnel premier de GraineZéro et de nous faire part de tes expériences 😉